Biographie

Doublement francophone, Jany Cotteron est née en Belgique en septembre 1944. Elle y a enseigné le français avant de venir vivre à Genève en 1968 où elle a travaillé comme institutrice puis formatrice de français dans l’enseignement primaire.

C’est ma biographie ! Mais est-ce moi ? Ou suis-je avant tout ce qui fait ma vie: mes fils, mes petites-filles, ma famille, mes amis, l’amour des mots depuis mon enfance, la nécessité d’écrire, la lecture (passionnée et éclectique), l’humour, les gueuletons, la fête, l’escalade, les balades sur tous les sentiers de forêts, de montagne, de garrigue, le Chablis, le silence, la découverte d’autres mondes, les rencontres, les rires, le champagne, le soleil, le toucher de peau, d’écorces et de pierres, la peinture qui me fascine (ai-je écrit parce que je ne savais pas dessiner ou peindre ?), la soif inaltérable d’apprendre…

En saurez-vous plus sur moi maintenant que moi ?

Biographie gourmande

Ayant mijoté neuf mois dans une marmite liégeoise, j’en sortis à point le 27-9-1944 à Boncelles, en Belgique.

Pendant une vingtaine d’années, je fus plus ou moins assidue à des tables ouvertes d’écoles diverses où l’on me farcit la cervelle de nourritures intellectuelles.

Au dernier banquet du Régendat d’Arlon, je dégustai de bons morceaux choisis d’auteurs appétissants, des gorgées d’infusion de Grévisse et de Hanse, des décoctions parfumées de pensées de poètes, qu’à mon tour je mitonnai pour de jeunes palais que j’espérais gourmands.

Lors d’un été, peut-être lamproie au doute et les idées moules, je partis en Suisse et me retrouvai au naturel dans les cols, les couronnes glacées, les sommets laiteux découpés par un cordon bleu, les barres chocolat qui me ravigotèrent.

Sur les flancs marbrés d’une montagne, je me liai à un fin bec français qui travaillait à Genève, un maître queux de talent qui, me trouvant al dente, me proposa de partager ses vivres.

Fricassées de museaux, estouffades de rires, rissoles de bon cœur … un vrai festin qui m’amena en 1968 dans sa sauteuse genevoise où il me braisa sous les feux de l’amour.

Ensemble, nous concoctâmes deux délicieux lardons aux petits oignons, à la sauce petit-suisse.

Et si je n’ai pas connu en Suisse de galimafrée d’oseille ou de faux mages complètement fondus à l’énergie solaire, j’ai appris pendant des années à de petits gastronomes en jupes ou culottes courtes à savourer ma langue doublement francophone.

Cette langue goûteuse reste toujours pour moi un plat de résistance. Je la fais revenir, la saisis, l’apprête, l’effile, l’assaisonne, la fais mariner dans de l’encre, la dresse sur une plume. Puis je l’offre à ma table d’hôtes.

Mais comme dessert, je n’ai jamais réussi à faire ni un mille-feuilles ni un financier…ni une religieuse !

Même si ma pâte se feuillette, le temps maintenant plus sel que poivre me garde toujours dans ses filets mignons à bouchées veloutées, avec le même grand appétit de vivres pimentés !